Et si les réseaux sociaux redevenaient des espaces humains, plutôt que des machines à capter notre attention? C’est le pari de Monnett, un nouveau réseau social né au Luxembourg et lancé en accès anticipé depuis le 15 octobre pour une poignée de bêta-testeurs. Conçu comme une alternative européenne éthique et transparente, sans algorithmes de recommandation ni suivi comportemental, Monnett se donne pour mission de «reprendre l’espace social» aux acteurs du Big Tech.
Fondée par Christos Floros, 31 ans, ancien collaborateur de Talkwalker, la plateforme Monnett se présente comme un « média social fait pour les humains ». Une alternative européenne aux solutions technologiques dominantes des États-Unis (Meta) et de la Chine (TikTok). « Les réseaux sociaux ne sont pas qu’un divertissement, ils façonnent la démocratie, la culture et les relations. Si nous laissons quelques entreprises contrôler cela, nous perdons quelque chose d’essentiel. » expliquait le fondateur au lancement de son projet.

Si l’interface s’inspire des meilleures pratiques des grandes plateformes (TikTok, Instagram, Tinder), celle-ci apporte quelques spécificités conçues pour éviter la dépendance et l’opacité. Les publications (photos, vidéos, stories…) y apparaissent dans une timeline chronologique, entièrement personnalisable grâce à une interface baptisée Algo-control, qui remet le pouvoir entre les mains des utilisateurs. Ici, pas de profilage, pas d’intentions cachées, pas d’algorithme secret pour décider de ce qui compte et de ce que vous devez voir ou ne pas voir. « Monnett existe parce que les réseaux sociaux doivent redevenir humains. Les gens devraient voir leurs amis, et non des publicités, des manipulations ou du contenu synthétique. » affirme Christos Floros.
Monnett est né d’un constat simple: les espaces numériques où nous passons notre vie ont été optimisés pour l’engagement, et non pour le bien-être. Les réseaux sociaux sont devenus des machines publicitaires qui exploitent notre psychologie, fragmentent notre attention et polarisent nos communautés. Nous avons créé Monnett car nous pensons que la technologie doit favoriser les liens humains, et non les manipuler. Notre plateforme incarne les valeurs de dignité humaine, de vie privée et de participation démocratique. Elle a pour vocation de donner le contrôle aux individus, de se réapproprier des espaces qui rassemblent plutôt que de diviser.
Christos Floros, fondateur – Monnett
Une autre fonction inédite, baptisée Distance, permet quant à elle de choisir la portée géographique de ses messages – du local au mondial – redonnant une dimension sociale et territoriale à l’expérience en ligne.

Une aventure née dans un appartement luxembourgeois
L’histoire de Monnett est celle d’une jeune pousse européenne née dans un appartement luxembourgeois transformé en QG de start-up. Entre la cuisine et le salon, chaque coin fait office de bureau pour une équipe soudée autour du fondateur. Christos Floros a quitté son poste de Marketing & Communications Manager chez Hootsuite en avril 2025 (entré chez Talkwalker en 2023, l’entreprise a été rachetée par Hootsuite entretemps), investi ses économies et convaincu 17 contributeurs venus de sept pays (Luxembourg, France, Pologne, Grèce, Italie, Inde, Kazakhstan) de rejoindre le projet. La start-up a déjà levé 700.000 euros en financement de pré-amorçage – dont une partie auprès de cadres de Microsoft – et prévoit un nouveau tour de table de 2 millions d’euros en 2026 pour soutenir sa croissance.

Pas de publicités basées sur les données des utilisateurs
L’accès à Monnett est gratuit. Pour se financer, la plateforme propose également des abonnements donnant accès à une personnalisation complète, destinés notamment aux créateurs et aux marques.
«Ce n’est pas seulement un moyen de nous financer, c’est aussi un moyen de participer à quelque chose de plus grand. Les gens comprennent qu’ils participent à la construction d’un espace qui reflète leurs choix et leurs valeurs», explique Christos Floros dans un entretien à Luxembourg Times.
Et si Monnett rejette en bloc le modèle économique dominant des réseaux sociaux, à savoir la publicité hyperciblées basée sur les données, une plateforme publicitaire éthique devrait cependant voir le jour en 2027, avec une philosophie radicalement différente: «Plutôt que des publicités hyperciblées, un modèle comparable à la réservation d’un espace, comme un abribus ou un spot télé», laisse entrevoir le fondateur.
Un « true reach » pour les créateurs et les marques
Le fondateur affirme avoir mené plus de 100 entretiens avec des créateurs de contenus – d’un compte des memes luxembourgeois au magazine The Good Life – pour concevoir un modèle dans lequel leurs communautés leur appartiennent à nouveau. « Aujourd’hui, une marque média ou même un pilote de F1 avec deux millions d’abonnés ne parviennent plus à toucher l’intégralité de leur propre audience. Sur Monnett, la relation entre un créateur de contenu et son public redevient directe. » explique Christos Floros.

Déjà près de 40.000 inscrits – dont adada – ont montré leur intérêt pour l’accès anticipé, principalement en Allemagne, en France, en Belgique, au Luxembourg et aux États-Unis. Disponible uniquement sous forme d’application mobile à télécharger sur Android et iOS, et avec un âge minimal fixé à 16 ans, Monnett reste pour l’heure en phase expérimentale: certaines fonctionnalités sont encore en test, mais les premiers retours utilisateurs confirment un réel intérêt pour une approche plus éthique et communautaire des médias sociaux.
Sur Monnett, la relation entre un créateur de contenu et son public redevient directe.
Christos Floros, fondateur – Monnett
Alors que la souveraineté numérique européenne revient au premier plan, Monnett entend prouver qu’un autre modèle de réseau social est possible. Christos Floros y croit, nous aussi.
Nous ne nous contentons pas de créer une application, nous essayons de rétablir la confiance dans les réseaux sociaux.
Christos Floros, fondateur – Monnett