Télescopage publicitaire : le Luxembourg n’y échappe pas

Publié le 11/12/2010

Suite à l’article paru sur le site de paperJam le 6 décembre dernier et pointant du doigt la grande ressemblance entre la récente campagne Le Quotidien conçue par Comed et celle d’une agence brésilienne récompensée à Cannes cette année, un certain Jempy La Copie, autoproclamé frère jumeau luxembourgeois du célèbre Joe La Pompe, a souhaité réagir sur la question du plagiat, ou plutôt du « télescopage » dans la publicité.

Jempy La Copie, puisque personne ne vous connaît encore, présentez-vous.

Comme vous l’avez dit, je suis Jempy La Copie, le faux frère jumeau de Joe La Pompe.

Joe a-t-il connaissance de son jumeau luxembourgeois?

Pas encore. L’histoire, c’est que nous nous ressemblons comme deux gouttes d’eau, mais que nous sommes de deux pères différents.

Mais alors, lequel de vous deux est l’original?

À la naissance, comme il est impossible de voir le jour en même temps, Joe est sorti le premier. Depuis, à ses yeux, il est l’original et moi la copie.

Comme lui, vous témoignez sous couvert d’anonymat, pourquoi?

Je suis créatif dans une agence luxembourgeoise, voilà pourquoi!

Vous travaillez chez Comed?

Ah ah! Je vous vois venir! Mais non, je ne suis pas de chez Comed.

Maintenant que l’on vous connaît un peu plus, entrons dans le vif du sujet. Qu’avez-vous pensé à la lecture du fameux article de paperJam?

Sur le fond, paperJam étant un média d’information qui traite entre autres de la communication, il me paraît tout à fait légitime d’aborder un tel sujet. Sur la forme par contre, je pense que le pic lancé à Comed aurait pu être un peu moins pointu…

Expliquez-vous.

Disons que « l’attaque » de plagiat était peut être un peu trop forte. Vous savez, en justice, on a la présomption d’innocence, eh bien dans la publicité, on devrait toujours laisser le bénéfice du doute.

Pour vous, il y a donc « doute »?

Bien sûr. Quand une campagne ressemble à une autre, il y a toujours des doutes quant à son origine. Mais vraie coïncidence, forte inspiration ou plagiat quasi-volontaire, on ne peut pas savoir.

Êtes-vous d’accord avec la « Théorie du télescopage » que nous présentons en marge de votre interview?

Oui, je le suis. Pourquoi deux idées identiques ne pourraient-elles pas naître dans deux têtes différentes. Et c’est d’autant plus vrai dans notre métier puisque nous sommes constamment en train d’en chercher, des idées. Comme vous le dites aussi, les créatifs du monde entier parcourent les mêmes sites, se rendent dans les mêmes festivals de pub, regardent la même télé, les mêmes films, écoutent les mêmes musiques, sont de la même génération, etc. Bref, tout ça pour dire qu’évidemment on s’inspire de ce qui se passe autour de nous, on n’invente rien à proprement parler. Sur ce sujet, je citerai un créatif reconnu au Grand Duché et dont j’apprécie particulièrement le travail : « On n’invente pas une idée, on la trouve. » Et quand on trouve une bonne idée, même si l’on est convaincu qu’elle est 100% originale, on n’est jamais à l’abri qu’un autre créatif, à 10.000 km ou juste à côté, l’ait trouvée avant nous.

Il n’est jamais question de plagiat alors?

Je n’ai pas dit ça. Le plagiat existe aussi malheureusement dans notre milieu, mais je dis juste qu’il ne faut accuser personne à tort. Le travail de Joe La Pompe va dans ce sens : il ne fait que rassembler les campagnes similaires, mais n’accuse personne directement. Il nous laisse faire notre propre jugement.

Vous nous avez envoyé un compilation de campagnes luxembourgeoises qui se « télescopent ». Le but est-il de prendre la défense de l’agence pointée du doigt par paperJam?

Pas du tout. La démarche n’est pas de défendre une agence en enfonçant toutes les autres. À travers cette sélection de campagnes réalisées par les plus importantes agences du Luxembourg ces dernières années, je souhaite juste dédramatiser la situation. Le phénomène de télescopage existe, et il existera toujours.

Ne craignez-vous pas les réactions des agences?

C’est vous qui me publiez, c’est vous qui devriez trembler! (rires) Et puis vous savez, les Golden Ducks ont depuis toujours une catégorie « Déjà-vu » qui récompense les campagnes qui se ressemblent. Et là, tout le monde est d’accord pour en sourire. Les créatifs vont même fièrement chercher leur prix, alors pas d’inquiétude!

À visiter : le site de Joe La Pompe
À lire : Nouveau? Le livre de Joe La Pompe

  1. Je crois que là, on a vraiment touché le fond. Que c’est ringard comme article.

  2. Même Joe la pompe s’est fait copié! Comme quoi personne n’y échappe!
    Et contrairement à Jean, je trouve cette interview très originale pour le coup. Bravo Jempy!

  3. Les principes conceptuels publicitaires se basent sur des techniques bien connues… il suffit que les personnes aient le même cheminement (et Dieu sait que ça arrive souvent en brainstorming) et hop.
    Ca arrive… mais parfois, c’est pas issu d’un brainstorming et là… c’est pas correcte.
    Toute l’intelligence du créatif est de la réadapter à la sauce du briefing et de la détourner suffisamment pour qu’on ne sache plus comparer 😉
    Ceci dit, ça reste anecdotique dans certaines agences, pas dans d’autre…
    Que celui qui n’a jamais pêché etc…
    Je trouve que l’article est très consensuel, mais assez juste.

  4. « Même Joe la pompe s’est fait copié! ».
    En fait c’est comme toute personne qui aime son métier, on ne regarde pas à 2 mètres autour de soi, à l’heure du net on parcourt la toîle en bon éléve et on se rend aussi compte que Joe est inscrit sur adada via facebook….

    Achetez : http://www.cafepress.co.uk/joelapompe

    Un fan de Joe.

  5. Est-ce vraiment si mauvais de profiter des bonnes idées de l’étranger pour mettre en avant les marques luxembourgeoises ? Pour autant qu’au final, le résultat soit intéressant …
    Et si c’était « l’étranger » qui profitait des bonnes idées luxembourgeoises ?

  6. Je vais passer outre le commentaire jaloux et mesquin de Jean ou encore celui inexplicablement à côté de la plaque de Marilyn…

    Le pub vise simplement à déclencher certaines réactions cognitives afin de provoquer une action contrôlée de l’individu.
    Que ce soit pour la consommation, la prise de conscience ou encore une modification comportementale.

    Pour obtenir ces résultats, il convient d’employer différentes techniques (une des plus connues étant la synesthésie). Il est évident que les symboles, les images, la sémantique employés doivent s’adresser communément à tous les êtres composant la même cible/culture (et plus encore). Pour ce faire, il est nécessaire de puiser dans l’inconscient collectif.
    L’inconscient collectif est un concept créé par Carl Jung. Il définit les fonctionnements humains liés à l’imaginaire, communs ou partagés, quelle que soit l’époque ou l’endroit et qui influencent et conditionnent les représentations individuelles et collectives. L’imaginaire s’interprète via des symboles, des notions qui sont communes à une culture définie, à une époque.
    Il est dès lors évident que, lors du processus de création du message ou de l’interprétation de celui-ci, l’être humain sera plus ou moins stimulé selon la rapprochement des symboles employés dans la communication et ceux appartenant à l’inconscient collectif.

    Ces symboles étant limités, ils vont inévitablement se répéter. C’est aussi con que ça.

    Merci Jempy la Copie.

  7. J’aime bien cet article, je m’étais déjà fait ce genre de réflexion. Je pense qu’il est bien possible d’avoir des idées très similaires sur des concepts de pub. Il y a beaucoup de cerveaux en activité sur cette planète 🙂

    Mais sinon, certaines idées sont tellement evidentes et géniales qu’il est dur de ne pas copier… ou tout du moins de s’inspirer…

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