Plagiat confirmé en appel: l’Affaire Jeff Dieschburg / Jingna Zhang résumée en 3 étapes

1. Origine de l’affaire (mai 2022)

En mai 2022, l’artiste Luxembourgeois Jeff Dieschburg est récompensé dans le cadre de la Biennale d’art contemporain de Strassen (il empoche 1.500 euros) pour sa peinture à l’huile intitulée « Turandot ». Si l’œuvre exposée à cette occasion – et mise en vente à 6.500 euros – ne trouve pas preneur lors de la biennale, son existence est en revanche portée à plusieurs milliers de kilomètre de là, à la connaissance de la photographe sino-américaine Jingna Zhang. Réaction immédiate: la photographe basée à Seattle revendique la paternité de l’œuvre originale, qu’elle estime plagiée par Dieschburg. Si elle lui reproche de ne pas avoir obtenu sa permission pour utiliser sa photographie comme modèle, le Luxembourgeois se défend quant à lui en parlant d’une simple inspiration, et d’une pratique courante. Une plainte pour violation du droit d’auteur est déposée. Vu la popularité de la photographe, l’info fait vite le tour du monde.

2. Rejet en première instance (décembre 2022)

En première instance, la plainte de Zhang est rejetée. Le juge tranche en sa défaveur, considérant que la photo manque d’originalité, ou tout du moins que la photographe n’a pas suffisamment prouver l’originalité de sa création, remettant ainsi en question l’application du droit d’auteur. L’avocat de Jeff Dieschburg, Gaston Vogel, se félicite alors de cette issue: « Dans l’histoire, les artistes s’inspirent les uns des autres. Ceux qui l’accusent se trompent. Je ne supporte pas qu’un talent exceptionnel soit persécuté pour des bêtises ». Jingna Zhang, défendue par Vincent Wellens du cabinet NautaDutilh, spécialiste des questions de propriété intellectuelle, font appel.

3. Le plagiat reconnu en appel (mai 2024)

Le 9 mai dernier, la Cour d’appel luxembourgeoise revoit le jugement et donne finalement raison à Jingna Zhang. Jeff Dieschburg est condamné pour violation du droit d’auteur et a désormais l’interdiction d’exposer ou de vendre l’œuvre Turandot. En outre, il doit verser une indemnité de procédure de 1.500 euros à la photographe. S’il l’expose à l’avenir, il risque également une amende de 1.000 euros par jour, jusqu’à un maximum de 100.000 euros. Fin du procès. Mais pas encore forcément la fin des critiques pour les deux artistes, qui ont été visés de part et d’autre par de vifs commentaires (et même des menaces) depuis le début de l’affaire sur les réseaux sociaux…