Les CMS headless et les architectures composables sont partout. On les présente comme la clé de l’agilité, de la scalabilité et des expériences omnicanales. Bref, la solution miracle. Mais la réalité est plus nuancée: sans vision produit claire ni gouvernance technique solide, la liberté promise peut vite se transformer en une jungle technologique… coûteuse à entretenir.
Une tribune de Julien Grossio, Technical Director chez Vanksen.
Du CMS au composable
Un CMS relié à des APIs reste une solution efficace dans de nombreux cas, notamment pour des projets éditoriaux classiques. Mais dès lors que la plateforme doit dialoguer avec un extranet, alimenter une application mobile, intégrer un moteur e-commerce et s’interfacer avec un CRM, son rôle change. Le CMS n’est plus le centre du dispositif, mais une brique parmi d’autres dans un écosystème plus vaste, où sa valeur dépend de sa capacité à s’intégrer et à s’articuler avec les autres services.
Liberté, oui… mais pas sans règles
Le composable, c’est un peu comme une boîte de Lego géante: on assemble ce qu’on veut, on évolue sans tout casser, on ouvre la voie au multi-canal. Sur le papier, c’est séduisant. Mais plus il y a de briques, plus ça se complique: intégrations à maintenir, équipes à aligner, compétences DevOps indispensables. Bref, sans vision produit claire et gouvernance béton, l’agilité rêvée se transforme en usine à gaz.

Le composable, c’est un peu comme une boîte de Lego géante: on assemble ce qu’on veut, on évolue sans tout casser, on ouvre la voie au multi-canal. Sur le papier, c’est séduisant. Mais plus il y a de briques, plus ça se complique.
Julien Grossio, Technical Director – Vanksen
Le syndrome du “toujours plus”
Le piège? Croire que composable = forcément mieux. Résultat: des projets simples se retrouvent bardés de briques inutiles, des back-offices ingérables pour les équipes éditoriales et des budgets qui explosent. La vérité, c’est que le composable est pertinent pour des projets multi-canaux, des front-ends très personnalisés ou une stratégie digitale de long terme. Mais pour un site éditorial basique, sans équipe technique interne? C’est souvent une sur-ingénierie qui ralentit plus qu’elle n’accélère.
Ce que le terrain nous apprend
Les projets qui tiennent la route ont un point commun: ils commencent par un cadrage technique solide, une cartographie précise des flux (contenus, produits, utilisateurs) et une stratégie de déploiement pensée pour durer. À l’inverse, les projets qui s’essoufflent sont souvent ceux lancés “parce que le headless est tendance”, sans vraie justification métier, avec une gouvernance éditoriale sous-estimée… et une dette front-end qui finit par coûter cher.
Une vraie architecture durable, ce n’est pas celle qui fait sensation le jour du lancement, mais celle qui, cinq ans plus tard, continue à évoluer sans exploser les budgets.
Julien Grossio, Technical Director – Vanksen
Le composable: une philosophie, pas une mode
Au fond, le composable n’est pas une techno magique. C’est une philosophie d’architecture: chaque brique doit pouvoir être remplacée, interopérable et orchestrée dans une vision globale. Et cette vision doit rester alignée avec les besoins métiers, les moyens de l’équipe et l’ambition du projet. Parce qu’une vraie architecture durable, ce n’est pas celle qui fait sensation le jour du lancement, mais celle qui, cinq ans plus tard, continue à évoluer sans exploser les budgets.