5 questions à Mike Koedinger, qui succède à Xavier Bouckaert à la présidence de l’European Magazine Media Association (EMMA)

Après avoir occupé le fauteuil de Président de l’EMMA à Bruxelles durant les 6 dernières années, le CEO de Roularta, Xavier Bouckaert, vient de passer la main au Luxembourgeois Mike Koedinger, fondateur et CEO de Maison Moderne. Nous lui avons posé quelques questions à ce sujet:

Mike Koedinger, pouvez-vous nous rappeler la mission de l’European Magazine Media Association?

La mission d’EMMA consiste à promouvoir et protéger les intérêts des éditeurs de magazines européens vis-à-vis des institutions de l’Union européenne: la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil. L’objectif principal de l’association est de garantir la survie à long terme et la prospérité d’une industrie de l’édition de magazines pluraliste, diversifiée et économiquement prospère dans l’UE. C’est une structure de lobbying pour une cause noble. C’est aussi une structure qui représente 15.000 éditeurs de magazines européens, et 50.000 magazines européens.

Il est crucial que les magazines soient rémunérés par les sociétés exploitant l’AI générative pour les droits voisins.

Un des sujets « hot » du moment est l’EU AI Act qui devrait être formalisé d’ici la fin de l’année. Il est crucial que les magazines soient rémunérés par les sociétés exploitant l’AI générative pour les droits voisins. Ce sont les médias qui sont à l’origine de la création de contenu journalistique, en envoyant des journalistes en reportage, notamment.

Et quelles sont les vôtres, en tant que nouveau Président?

Animer un conseil d’administration riche de 19 experts médias des différents marchés européens. Rencontrer des politiciens européens, commissaires ou parlementaires, pour exposer les enjeux et revendications du secteur des magazines et de la presse.

Comment avez-vous été choisi pour succéder à Xavier Bouckaert?

En tant que président sortant, Xavier Bouckaert, le CEO de Roularta, a proposé mon nom au conseil d’administration, qui a accepté. Xavier est resté six ans dans la fonction. C’est un excellent entrepreneur média, je suis évidemment très honoré de reprendre cette fonction.

Au niveau national, vous avez œuvré pour une meilleure répartition des aides de l’État à la Presse. Êtes-vous satisfait de la réforme?

La loi en faveur du journalisme professionnel initiée par le ministre Xavier Bettel est en effet un changement de paradigme. La loi considère les médias digitaux, les langues étrangères – comme l’anglais ou le portugais – et elle soutient les éditeurs en fonction du nombre journalistes et non plus en fonction du nombre de contenus produits, comme cela avait été le cas durant 40 ans. C’est donc une loi qui favorise la qualité sur la quantité.

Après deux années en vigueur de cette aide, nous observons quelques points faibles. Ce sont des détails, mais à fort impact dans le futur.

Cela dit, il reste des améliorations à faire, après deux années en vigueur de cette aide, nous observons quelques points faibles. Ce sont des détails, mais à fort impact dans le futur.

Nous sommes en période électorale. En tant que patron de presse, quel sujet aimeriez-vous que le futur gouvernement prenne à bras-le-corps?

L’actuel gouvernement a annoncé mener un débat au Parlement deux années après l’entrée en vigueur de la loi actuelle. C’est maintenant. Mais cela n’a plus été mis à l’agenda du Parlement. Ce sera donc au prochain gouvernement de s’y intéresser. Ma principale revendication est de traiter la presse quotidienne exactement de la même façon, qu’elle soit imprimée ou qu’elle soit digitale. Aujourd’hui, l’aide en soi est identique, mais la PQ imprimée peut toucher jusqu’à 1,6 million d’euros par an alors que la PQ digitale est limitée à 550.000 euros.

La presse quotidienne sera la première qui ne sera plus imprimée.

Ce n’est pas vrai qu’il est forcément plus cher d’imprimer que de réaliser, maintenir et héberger un site web. La presse quotidienne sera la première qui ne sera plus imprimée, il faut que cette aide évolue dans le sens pour préparer les éditeurs à ne pas rater cette transformation digitale. Celui qui ne la réussira pas, ne fera plus partie du paysage médiatique de demain.